Championnat d'Europe, Lienz, Autriche.

8 juil. 2012

Jeudi 20 juin :

Depuis mon studio parisien, je vois les premières photos de Lienz sur Facebook. Les Britanniques et les Tchèques sont déjà là et s'entraînent sur place depuis 2 semaines, alors que je suis bloquée à Paris pour mon travail et mes études ! « Je sens mon niveau de stress monter ! »

Vendredi 21 juin : le grand départ pour l'Autriche.

D'abord, Jéromine doit finir ses derniers examens et hop, c'est parti pour l'Autriche avec Jérôme Gaudin : LE coach.

Nous arrivons enfin à Lienz après 14 heures de route, juste à temps pour un petit-déjeuner et notre première séance d'entraînement.

Je me sens tout de suite à l'aise dans le roulage : j'exécute parfaitement mes boucles et le paysage est majestueux ! Les entraînements officiels s'enchaînent. Claire O'hara (Championne du Monde 2011) est en pleine forme et enchaîne les figures. Les Britanniques, les Norvégiennes, les Tchèques et les Allemandes : toutes les dames sont là et très motivées.

Mercredi 23 juin : les qualifications commencent, l'ajout de 2 manches nous permettra de nous qualifier pour la demi-finale. La compétition commence maintenant !

Pour mon premier run je me sens bien sur l'eau. Mes outsiders et moi nous échauffons au dessus du rouleau, mais petit à petit ils descendent tous le rouleau pour commencer leur run. Je suis le seul à faire un entrymove !

L'arbitre me donne le feu vert et ensuite tout va très vite : wave wheel, huge loop, space godzilla gauche et droite, clean cartwheel à droite, split wheel, cartwheel à gauche. Il me reste 15 secondes, je tente le Mc nasty et hop à la fin de mon premier run. Tout le monde crie sur la berge : c'est tellement bon !

Je me classe première des qualifications avec 513 points, devant Claire O'hara (470 points) et Nina Csonkova.

Jeudi, je peux me reposer, mais c'est aussi jour de compétition pour les juniors et les seniors hommes. J'enfile ma tenue de supporter pour encourager les autres membres de l'équipe de France.

Vendredi : demi-finale.

Après les belles performances de l'équipe de France (6 athlètes sur 7 qualifiés pour les quarts et demi-finales), c'est à mon tour de passer la demi-finale. Le stress se fait de plus en plus pesant : l'erreur n'est plus une option. Tous mes outsiders veulent prendre ma place : « Je le sens ! » A l'échauffement, les visages se crispent, les regards se croisent. Ma première manche : « aucune sensation, aucun plaisir, que de la peur… ». Mon coach m'apaise : « place-toi, fais tes figures, tu as le temps, concentre-toi sur la manche parfaite ! », c'est exactement ce que je fais pour ma deuxième manche et je finis enfin par me classer à nouveau premier.

Samedi : finale, jour J ! Confrontation des 5 meilleurs kayakistes !

Il ne reste plus que 3 Français : Jéromine Hervo (junior femme), Sébastien Devred (senior homme) et moi. Les autres ont fait la fête toute la nuit, et au matin ils me racontent les anecdotes de la fête ! Juste ce qu'il me faut pour me détendre car la finale s'annonce ardue.

D'un côté, j'ai mes outsiders qui ont fait de belles courses en demi-finale et qui peuvent se sentir en confiance ; et de l'autre côté, j'ai le souvenir de ma première course en demi-finale, mon stress et mes doutes. De toute façon pour la finale, le meilleur run sur 3 permettra à l'un d'entre nous de prendre la première place.

La finale senior femmes est à 15h : ça fait mal d'attendre !

Heureusement, j'ai Jéromine, Djé (le coach français) et Bérangère (une amie et arbitre internationale). Alors que la finale approche, je me motive de plus en plus avec une musique à fond sur le parking où je m'habille.

Il est enfin temps de monter à bord ! Plus que 20 minutes avant ma première descente. Je suis le dernier à passer, repartant au dessus du rouleau, et seul avec mon adrénaline ! J'aperçois Maria Lindgren (athlète suédoise) dans le rouleau : « dans quelques secondes c'est mon tour ».

Je descends la piste, mon cœur bat plus vite mais je suis complètement lucide : « Je vais gagner ! ».

Tellement d'adrénaline, je suis sur un petit nuage.

Puis le speaker annonce : « la championne d'Europe 2012 est la Française Marlène Devillez ! ». Incroyable, magnifique, parfait : aucun mot ne peut décrire exactement ce que je ressens en atteignant l'objectif pour lequel je m'entraîne depuis des années. Je savoure d'abord ce moment en solitaire et je me dois ensuite de le partager car rien n'aurait été possible sans ma famille, mon amoureux, mes amis, mon coach, STACCATO et LEVEL-SIX.

JE TE REMERCIE!

« C'est grâce à vous » ;)

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